BOUSSOLES, signalétique de quartier


Nous commençons la mise en place des « boussoles » du quartier : une signalétique d'un bleu électrique, permettant de mettre en place des indications concernant les différentes structures du quartier. Ce projet étant décidé suite à des concertations des habitants qui souhaitaient que ces structures soient mieux indiquées, afin que tout le monde puisse véritablement en profiter.


La technique ne parait pas complexe mais elle n’est pas si simple en vérité, les adhésifs pochoirs permettant d’écrire les mots étant compliqués à manier. On est donc présents sur un même lieu pendant longtemps, dans la peinture et l’atmosphère poisseuse de la ville. Le premier mur est grand, le deuxième poteau est sale et poreux, la troisième surface, une armoire à feux, est rue des Pyrénées juste à côté d’un arrêt du bus. Ici, quelques événements récurrents viennent rythmer le travail. C’est toujours drôle de se rendre compte que chaque individu a une façon très personnelle de regarder notre travail, de se rendre compte que chaque personne va s’attarder sur un aspect différent.

Beaucoup sont pessimistes quant au fait que notre travail soit respecté longtemps, et qu’il ne se retrouve pas recouvert de graffitis. Certains veulent juste aider, vraiment. Ils trouvent ça beau, c’est un beau bleu, c’est un bleu toilette, c’est un bleu à dessiner une plage et des poissons. Ils s’amusent à déchiffrer les mots au fur et à mesure du décollage des adhésifs. Il regardent un mur qu’ils n’auraient peut-être jamais regardé avant, une armoire à feux à laquelle il n’avait surement jamais prêté attention (qui regarde une armoire à feux ?). D’une certaine façon, on a l’impression d’aider ces quelques personnes, au moins celles qui s’arrêtent pour nous parler, à se ré-approprier un peu leur espace de vie, et à l’apprécier un peu plus. Cette impression est d’autant plus frappante lorsqu’on nous demande de réaliser le même travail sur tous les poteaux au lieu de se restreindre à un seul. Ils regardent autour d’eux et c’est peut être un peu grâce à nous s’ils sont contents de ce qu’ils voient.
Au final, le travail est éreintant (surtout lorsqu’il s’agit de nettoyer) mais le résultat procure un sentiment d’avoir fait quelque chose de concret. Ça pète dans le paysage, c’est insolite et attirant, et quelque soit l’intérêt porté à la façon dont sont tracées les lettres, dont elles sont placées sur le support, dont elles jouent avec le regard, il est impossible de ne pas y voir une réalisation plaisante.